Avez-vous déjà consulté ce fonds, la série O ?
Pour ceux qui souhaite retracer l'histoire intime d'un bâtiment communal, elle est la série idéale.
Il y a quelques mois, j'ai reçu une commande particulière : retracer l'historique d'une école. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus difficile, me direz-vous. Oui mais... cette école, c'est celle d'Angé, une toute petite commune du Loir-et-Cher. Moins de mille habitants, avec une apogée en 1886 : 916 habitants.
Cette école communale n'a jamais fait parler d'elle, bien entendu, si ce n'est au cœur du village. Aux AD41, je n'ai strictement rien trouvé sur ce lieu dans la série T (enseignement général, affaires culturelles, sports).
Pas de cahier d'écolier non plus, ce qui aurait été, je dois dire, une chance. N'ayant jamais été confrontée à ce type de recherches, il a fallu que je me creuse la tête, et que je revienne à cette question essentielle : une école, c'est quoi ?
Au fond, une école, ce n'est pas un élément unique mais un ensemble : un ou des bâtiments, des instituteurs et institutrices, des élèves, etc.
C'est donc avec cette nouvelle approche que j'ai exploré en détail tous les fonds d'archives existants. Et c'est là que je suis tombée sur la série O (administration et comptabilité communales), et plus particulièrement la sous-série 6 O (affaires communales).
Bon, je ne peux pas prétendre que cela m'a passionnée ; c'est vite lassant, les délibérations d'un conseil municipal. Si ce n'est que, en explorant ainsi environ 200 ans de la vie de la commune (entre les archives déposées aux archives départementales et celles restées en mairie), j'ai fini par avoir une vision globale de la vie des habitants d'Angé.
Cela m'a permis également de me plonger dans le passé du village, avec l'arrivée de l'électricité, des routes de plus grande importance, du bureau de poste, etc.
On y trouve également tous les procès-verbaux de recrutement des employés qui étaient nécessaires au bon fonctionnement d'une commune autrefois, comme le garde-champêtre ou le cantonnier et , bien entendu, l'instituteur. Et sur deux siècles, j'en ai trouvé un certain nombre.
Quand vous prenez le temps de lire tous ces registres, c'est toute la vie de la commune qui finit par défiler sous vos yeux. C'est comme cela que j'ai appris que l'école existait avant 1827 à Angé et qu'elle était dispensée par un instituteur, dans une maison du bourg qu'il louait à cet effet. Il était encore d'usage, en 1823, que les élèves soient instruits par un instituteur qui les accueillait dans une petite pièce de sa propre maison, réservée à l'usage de la classe. Le premier instituteur connu à Angé était Pierre Nicolas Pétard, qui était lui-même le fils du maître de Monthou-sur-Cher. (J'ai retrouvé quelques temps plus tard, par hasard, dans les archives de l'association des Amis du vieux Montrichard, une archive datant de l'an IV stipulant que serait établie une école dans la commune d'Angé).
Au fil des années, des décennies et même des deux siècles écoulés, toute l'histoire de l'école était là, dans ces registres, avec l'acquisition (fort tardive) par la mairie, de bâtiments pour loger les élèves et l'instituteur, les réparations qui revenaient régulièrement, les visites de l'inspecteur d'académie, les nouveaux projets, … et jusqu'à cette querelle qui divisa les habitants d'Angé pendant quatre longues années.
Bien entendu, il a fallu étayer toutes les informations glanées dans ces registres. J'ai fini par trouver de nombreux plans dans la série Fi (archives figurées), les notes obtenues à l'école normale par les divers instituteurs qui ont enseigné à Angé, de la documentation sur les écoles dans des livres et aussi utilisé les anciens annuaires du Loir-et-Cher.
Au final, le dossier comportait quarante pages avec les annexes et j'ai été assez satisfaite du résultat pour avoir réussi à compiler à peu près toutes les informations existantes sur cette école.
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