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Que sont les « Lettres oubliées » ?

Si notre projet s'intitule « Lettres oubliées », ce n'est pas parce que le carton d'archives qui les contient traîne, poussiéreux, au milieu des kilomètres d'archives conservées dans les réserves du site de Vineuil. Non, ces liasses de lettres, bien rangées dans un carton moderne, ont simplement traversé plusieurs décennies sans trouver leur destinataire en Loir-et-Cher. Et ce petit fonds n'a pas attiré l'attention de beaucoup de curieux...




Lorsque nous avons ouvert ce carton pour la première fois et découvert des centaines de courriers, notre première réaction fut la stupéfaction. Autant de lettres jamais distribuées ! Autant de nouvelles qui ne sont pas parvenues à destination ! Que pouvaient contenir ces courriers ?


Avec autant de gêne que de curiosité, nous avons ouvert le premier. Il s'agissait d'une lettre adressée par un ami à un soldat démobilisé. Une première adresse barrée sur l'enveloppe et les initiales FM pour « Franchise Militaire », deux caractéristiques que nous allions retrouver sur la majorité des enveloppes.


Ecrite dans un français approximatif, au crayon de bois, elle n'avait rien d'extraordinaire, cette lettre. Elle racontait l'ennui d'un soldat désœuvré. Mais elle apportait aussi à son destinataire des nouvelles de son père et de son frère. Alors pour le jeune homme à qui elle était adressée, elle aurait été précieuse.



Faisons un petit tour d'horizon de ce singulier fonds* 


Qui sont les expéditeurs ?

Des hommes et des femmes de tous âges, parfois même des enfants (évacués sans leurs parents), des réfugiés volontaires ou non, des soldats. Certains courriers émanent également des administrations (préfecture, mairie, commission des fonds de chômage, etc.).



A qui sont adressés les courriers ?

Tous les membres d'une famille pouvaient être concernés par ces envois : du fiancé à sa bien-aimée, de la femme à son mari au front, du fils ou de la fille à ses parents évacués, des grands-parents aux petits-enfants, des cousins aux beaux-frères, etc. Chaque homme et chaque femme qui avait de la famille correspondait avec elle.

Les marraines écrivaient aussi à leurs filleuls et les amis ne manquaient pas de prendre des nouvelles.

Des sœurs, souvent instituées chefs de convois, envoyaient des nouvelles aux leurs ou à certaines familles.


Des courriers sous différents formats

Tout était bon pour envoyer des nouvelles. Il existait à l'époque divers types de correspondance : lettre sous enveloppe, carte-lettre, carte postale ou télégramme.



Des correspondants de différentes nationalités

Si la majorité des échanges s'effectuent entre français, on trouve parmi les nationalités représentées principalement des Belges, mais également des Portugais, des Espagnols ou encore des Polonais.


Bref aperçu du contenu des lettres

Nous avons exclu du projet les courriers administratifs, qui présentent peu d'intérêt mais qui recouvrent des sujets assez divers : courrier pour mandat, bon de caisse d'épargne, relevé bancaire, bons pour huile de voiture, demandes d'allocations, etc.


Quoique très succinct, un bulletin médical envoyé par l'Hôpital psychiatrique de Blois a retenu notre attention : "L'état de ce malade est assez sérieux. Vous pouvez venir le voir".


Photographie du bulletin médical de Gaetan Dheilly daté du 27 mai 1940

Nous y reviendrons...


Une grande partie des lettres, également exclues de ce projet car trop nombreuses, regroupe des demandes de recherche de personnes. Nous n'en présenterons que quelques-unes.


Nous avons également noté que plusieurs lettres étaient postées depuis l'Angleterre, et plus particulièrement de Southampton.


Courrier sous enveloppe adressé à Mle Andrée Talet et venant de Southampton

Si nous n'abordons pas ici l'émotion qu'ils ont parfois généré, nous voulons rapporter que certains messages renfermaient un trèfle porte-bonheur, des fleurs séchées et parfois même un billet de banque. Une seule de ces lettres contenait une photo.


Enfin, pour les Loir-et-Chériens, signalons que la commune de refuge la plus citée est celle de Selles-sur-Cher (41).


* Le fonds porte la cote 587 W 41 et est conservé aux Archives départementales de Loir-et-Cher - Site des archives contemporaines et foncières de Vineuil)





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