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N comme... Naufrage

Certains d'entre vous ont-ils des ancêtres qui ont péri dans un naufrage ?


Pour autant que je sache, ce n'est pas le cas dans ma famille, celle de mes branches directes comme celle des collatéraux. Mais qui sait ? Chacun peut, devant un décès non trouvé, se trouver confronté à une circonstance dramatique, et l'apprendre soit par le biais de la presse numérisée, soit en déroulant le fil de l'histoire de la personne recherchée, en découvrant qu'elle s'était embarquée sur tel ou tel navire.

Le naufrage qui m'intéresse ici, c'est celui du Général-Chanzy. Ce bateau de la Transatlantique destiné à effectuer la liaison Marseille-Alger était commandé par le Capitaine Bruno Cayol. En service depuis 1891, c'était l'un des paquebots les plus beaux et les plus rapides de cette ligne. Il pouvait transporter 86 passagers et 69 hommes d'équipage.

Le Général Chanzy (source : www.marine-marchande.net)
Cabine du Général Chanzy

Le 9 février 1910, le navire quitta le port de Marseille à 13h00, en emportant à son bord 90 passagers, en plus des 70 hommes qui composaient l'équipage.


L'équipe des mécaniciens (source : www.marine-marchande.net)

Dans la nuit, le navire essuya une violente tempête alors qu'il passait aux abords des îles Baléares. Le capitaine Cayol, 51 ans, était un navigateur aguerri avec vingt ans d'expérience au service de la Compagnie transatlantique. Mais au large des côtes de Minorque, comme sur une bonne partie de la route maritime qui suit les Baléares, les terres étaient quasiment dépourvues de phares. Pris dans la tempête, le capitaine aurait manqué la route du canal séparant les îles de Minorque et de Majorque.


Vers 5h00 du matin, une violente vague projeta le paquebot contre l'un des nombreux récifs qui bordent la côte à cet endroit. Sous le choc, la coque s'était ouverte et de l'eau s'était engouffrée dans le bateau. Le niveau de l'eau était monté si vite que la plupart des passagers s'étaient retrouvés coincés dans leur cabine et s'y étaient noyés. Les autres ne purent survivre aux eaux déchaînées.

L'union libérale, article paru le 13 février 1910

Le bateau sombra avec une telle rapidité que seul un homme parvint à en réchapper. Cet unique survivant, c'était M. Marcel Bodez, dont la presse parla abondamment à la suite de la tragédie. On apprend qu'il était né le 14 juillet 1886 à Épinal et qu'il avait embarqué pour se rendre à son poste de commis à Nemours, dans la province d'Oran.


Son témoignage ne permit jamais d'expliquer complètement la tragédie mais il nous donne une bonne idée de ce qui a pu se passer.

Journal du Cher

Dans l'une de ses interviews, il avait signalé qu'il s'était muni d'une ceinture de sauvetage. Quand la vague l'avait poussé sur la côte, il s'était agrippé à des rochers puis avait réussi à se hisser par-dessus et à se mettre à l'abri dans une grotte.


C'est lui qui avait donné l'alerte, une fois qu'il avait pu trouver des gens pour le secourir. Il fut alors emmené pour être soigné. Il n'avait que de légères contusions mais il était profondément traumatisé.


Journal du Cher, article paru le 16 février 1910

Plus de 150 victimes (les chiffres varient selon les sources) furent à déplorer. L'identification des corps fut d'autant plus difficile que tous, à l'exception d'un seul, étaient nus. Par ailleurs, les flots violents avaient envoyé les corps s’abîmer sur des rochers si bien que les cadavres étaient fortement mutilés et quasiment toujours méconnaissables. Certains étaient démembrés.

Des bijoux permirent la reconnaissance de quelques-uns d'entre eux mais l’identification ne pouvait se faire globalement que grâce à la description physique que donnèrent les familles des victimes. Tous les passagers ne purent être identifiés.

La presse parla du naufrage et de l'histoire de son unique survivant pendant des semaines.

Parmi les passagers se trouvaient de nombreux artistes. L'histoire des duettistes Joly-Vélia émut l'opinion publique. En effet, ils avaient manqué leur paquebot et c'est ainsi qu'ils s'étaient retrouvés passagers du Général Chanzy. Mais l'histoire ne s'arrête pas là : en voyant la mer si agitée, Madame Joly-Vélia avait catégoriquement refusé de monter à bord. Son époux avait entrepris de demander au capitaine qu'il fasse débarquer leurs bagages. Mais ceux-ci étant à fond de cale au milieu des autres, ils n'avaient pas obtenu gain de cause et avaient donc embarqué pour ce voyage funeste.


Plusieurs enfants ont péri dans ce naufrage, qui voyageaient avec leurs parents. Il y eut aussi deux jeunes mousses, Antoine Patrizi et Clément Beynet dont la photo figure ci-après.

Photo et article : Le Petit marseillais du 22 février 1910

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